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/u/John-Cafai
Guest
C’était le 12 juin. J’ai l’impression que c’était hier. J’ai passé un été à picoler du rosé pour oublier, comme un poivrot au port. Au moins maintenant, j’ai plus rien à perdre… C’était vraiment l’amour de ma vie, ma p’tite perle. Japonaise d’origine, élevée en Bretagne. Une voyageuse, comme moi. On était faits l’un pour l’autre. Je me voyais vieillir avec elle, pour le meilleur et pour le pire.
C’était ma toute première. Un peu gauche au début, pas trop sur de moi, on s’est vite apprivoisés, et après, la passion... Celle qui fout des papillons dans le bide. Celle avec qui j’ai tout découvert. « Ça y est papa, j’suis un homme », que j’aurais pu dire au daron. Enfin… s’il ne s’était pas barré avec la boulangère quand j’avais 7 ans.
On s’est roulés dans le sable des Landes, on a appris ensemble à rouler à gauche en Angleterre, on s’est perdus en Italie. En six ans ensemble, on a vécu mille aventures.
Et je peux vous dire que je n’avais d’yeux que pour elle. J’ai jamais été du genre à toutes les mater ou à les collectionner. Bon, des fois je jetais un coup d’œil quand j'en croisé une jolie dans la rue, comme beaucoup. Mais juste un coup d’œil discret, hein. Même quand un pote a « réalisé son rêve » a chopé une belle allemande, une vraie bombasse qu’il exhibait partout comme un pin’s rare et tripotait sans cesse le cochon… mais moi, rien. Ma p’tite perle, et basta. C'était elle.
Jusqu’à ce 12 juin 2025. C’était moi. Un accident, mais c’était moi. Je l’ai tuée de mes propres mains. Pour éviter un foutu quidam planté au milieu de la route dans un virage. L’envoyé du diable ! J’espère au moins qu’il a eu la décence de se chier dessus.
On s’est pris un mur de plein fouet. Moi, j’étais sonné. Mais elle… elle ne faisait déjà plus un bruit. Alors je suis sorti, j’ai fait le tour, pour, je sais pas, tenter de sauver ce qui pouvait l’être. Mais j’ai vite compris. C’était fini. Elle était dans un sale état. J’ai encore la scène incrustée derrière les paupières.
Elle n’était même pas encore « froide » qu’on me demandait déjà des papiers, des assurances, de l’argent. Pas trois jours de deuil. Même pas une minute de silence. Au boulot, le patron m’a sorti : « Rhooo, ça va, c’était un accident. Demande à Sylvie, elle te prendra demain, ça te changera les idées. » Si ça c’est pas de l’élégance ! Merci patron.
Au début, on m’a collé la pancarte de coupable. Responsable de tout. J’me voyais déjà le cul en miettes sur une bicyclette. Et puis, paf, non coupable. Un chèque, et circulez, y’a rien à voir. Mais moi je savais. Coupable, je l’étais, quoi qu’en disent leurs papiers tamponnés.
Depuis, j’ai recommencé à zieuter un peu. Quand j’en croise une dans la rue, je laisse mon regard traîner. J’me dis « pourquoi pas, faudrait l’essayer ». Et parfois je m’attarde sur internet, à mater des photos. Bon, ça va hein, pas dix heures par jour non plus.
Mais j’ai compris que c’était ça, l’amour. Avec elle, je n’avais d’yeux que pour elle. Maintenant qu’elle n’est plus là, mon corps me pousse vers d’autres. C’est humain.
Je ne sais pas si je connaîtrai à nouveau un tel amour. Peut-être différemment, peut-être jamais. L’avenir le dira. Mais je vous souhaite à tous de connaître ce que j’ai vécu. Pas la fin tragique, juste l’amour.
À ma p’tite perle : je t’aime. Ma Mazda MX-5.
submitted by /u/John-Cafai to r/france
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C’était ma toute première. Un peu gauche au début, pas trop sur de moi, on s’est vite apprivoisés, et après, la passion... Celle qui fout des papillons dans le bide. Celle avec qui j’ai tout découvert. « Ça y est papa, j’suis un homme », que j’aurais pu dire au daron. Enfin… s’il ne s’était pas barré avec la boulangère quand j’avais 7 ans.
On s’est roulés dans le sable des Landes, on a appris ensemble à rouler à gauche en Angleterre, on s’est perdus en Italie. En six ans ensemble, on a vécu mille aventures.
Et je peux vous dire que je n’avais d’yeux que pour elle. J’ai jamais été du genre à toutes les mater ou à les collectionner. Bon, des fois je jetais un coup d’œil quand j'en croisé une jolie dans la rue, comme beaucoup. Mais juste un coup d’œil discret, hein. Même quand un pote a « réalisé son rêve » a chopé une belle allemande, une vraie bombasse qu’il exhibait partout comme un pin’s rare et tripotait sans cesse le cochon… mais moi, rien. Ma p’tite perle, et basta. C'était elle.
Jusqu’à ce 12 juin 2025. C’était moi. Un accident, mais c’était moi. Je l’ai tuée de mes propres mains. Pour éviter un foutu quidam planté au milieu de la route dans un virage. L’envoyé du diable ! J’espère au moins qu’il a eu la décence de se chier dessus.
On s’est pris un mur de plein fouet. Moi, j’étais sonné. Mais elle… elle ne faisait déjà plus un bruit. Alors je suis sorti, j’ai fait le tour, pour, je sais pas, tenter de sauver ce qui pouvait l’être. Mais j’ai vite compris. C’était fini. Elle était dans un sale état. J’ai encore la scène incrustée derrière les paupières.
Elle n’était même pas encore « froide » qu’on me demandait déjà des papiers, des assurances, de l’argent. Pas trois jours de deuil. Même pas une minute de silence. Au boulot, le patron m’a sorti : « Rhooo, ça va, c’était un accident. Demande à Sylvie, elle te prendra demain, ça te changera les idées. » Si ça c’est pas de l’élégance ! Merci patron.
Au début, on m’a collé la pancarte de coupable. Responsable de tout. J’me voyais déjà le cul en miettes sur une bicyclette. Et puis, paf, non coupable. Un chèque, et circulez, y’a rien à voir. Mais moi je savais. Coupable, je l’étais, quoi qu’en disent leurs papiers tamponnés.
Depuis, j’ai recommencé à zieuter un peu. Quand j’en croise une dans la rue, je laisse mon regard traîner. J’me dis « pourquoi pas, faudrait l’essayer ». Et parfois je m’attarde sur internet, à mater des photos. Bon, ça va hein, pas dix heures par jour non plus.
Mais j’ai compris que c’était ça, l’amour. Avec elle, je n’avais d’yeux que pour elle. Maintenant qu’elle n’est plus là, mon corps me pousse vers d’autres. C’est humain.
Je ne sais pas si je connaîtrai à nouveau un tel amour. Peut-être différemment, peut-être jamais. L’avenir le dira. Mais je vous souhaite à tous de connaître ce que j’ai vécu. Pas la fin tragique, juste l’amour.
À ma p’tite perle : je t’aime. Ma Mazda MX-5.
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